Lorraine
On novembre 10, 2021 by adminLes frontières de la Lorraine ont souvent changé au cours de sa longue histoire. La situation de la Lorraine a conduit à ce qu’elle soit un atout stratégique primordial en tant que carrefour de quatre nations. Ceci, ainsi que ses alliances politiques, ses alliances matrimoniales et la capacité des souverains au cours des siècles à choisir leur camp entre l’Est et l’Ouest, lui ont donné un rôle extrêmement puissant et important dans la transformation de toute l’histoire européenne. Ses souverains se sont mariés avec des familles royales de toute l’Europe, ont joué les faiseurs de rois et ont assis des souverains sur les trônes du Saint Empire romain germanique et de l’Empire austro-hongrois Autriche-Hongrie, entre autres.
En 840, le fils de Charlemagne, Louis le Pieux, meurt. L’Empire carolingien est divisé entre les trois fils de Louis par le traité de Verdun de 843. Le royaume du milieu, connu sous le nom de Moyenne-Francie, revient à Lothaire Ier, s’étendant de la Frise, dans le nord de l’Allemagne, aux Pays-Bas, à l’est de la France, à la Bourgogne, à la Provence, à l’Italie du Nord, et jusqu’à Rome. À la mort de Lothair Ier, la Moyenne-Francie est divisée en trois par le traité de Prüm en 855, le tiers nord étant appelé Lotharingie et revenant à Lothair II. La Lotharingie étant prise en sandwich entre la Francie orientale et la Francie occidentale, les souverains s’identifient comme un duché à partir de 870, ce qui permet au duché de s’allier et de s’aligner nominalement avec les royaumes carolingiens orientaux ou occidentaux afin de survivre et de maintenir son indépendance. Ainsi, elle était un duché de nom mais fonctionnait comme un royaume indépendant.
En 870, la Lorraine s’allie à la Francie orientale tout en restant un duché autonome. En 962, lorsque Otton Ier, empereur du Saint Empire romain germanique, restaure l’Empire (restauratio imperii), la Lorraine est désignée comme le duché autonome de Lorraine au sein du Saint Empire romain germanique. Il conserve ce statut jusqu’en 1766, après quoi il est annexé en vertu du droit successoral par le Royaume de France, via des alliances de maisons aristocratiques dérivées.
La succession au sein de ces maisons, en tandem avec d’autres événements historiques, aurait plus tard rétabli le statut de la Lorraine en tant que duché propre, mais un vide dans le leadership s’est produit. Son duc François-Étienne de Lorraine (François Ier, empereur du Saint Empire romain germanique) monta sur le trône du Saint Empire romain germanique, et son frère, le prince Charles-Alexandre de Lorraine, devint gouverneur des Pays-Bas autrichiens. Pour des raisons politiques, il a décidé de cacher les héritiers qui n’étaient pas nés de sa première épouse, l’archiduchesse Maria Anna d’Autriche, qui était décédée lorsqu’il a pris ses fonctions.
Le vide dans le leadership, la Révolution française, et les résultats et changements politiques issus des nombreuses guerres nationalistes qui ont suivi au cours des 130 années suivantes, ont finalement abouti à ce que la Lorraine devienne une partie permanente de la République moderne de France. En raison des guerres, elle est passée plusieurs fois sous le contrôle de l’Allemagne, au gré des déplacements de la frontière entre les deux nations. Bien que les séparatistes lorrains existent au 21e siècle, leur pouvoir politique et leur influence sont négligeables. Le séparatisme lorrain consiste aujourd’hui davantage à préserver son identité culturelle qu’à rechercher une véritable indépendance politique.
Avec un leadership éclairé et au carrefour des cultures française et allemande, la Lotharingie connaît une formidable prospérité économique, artistique et culturelle aux 12e et 13e siècles sous les empereurs Hohenstaufen. Comme dans le reste de l’Europe, cette prospérité a pris fin en Lorraine au 14e siècle en raison d’une série d’hivers rigoureux, de mauvaises récoltes et de la peste noire. À la Renaissance, une prospérité florissante revient en Lotharingie jusqu’à la guerre de Trente Ans.
La France annexe la Lorraine en 1766, et elle en conserve le contrôle au début du XXIe siècle. En raison de la situation géographique de la région, la population est mixte. Le nord est largement allemand, parlant le francique lorrain et d’autres dialectes allemands. Un nationalisme centralisé fort commençait seulement à remplacer le système féodal qui avait formé les frontières multilingues, et l’insurrection contre l’occupation française a influencé une grande partie de l’identité précoce de la région. En 1871, l’Empire allemand récupère une partie de la Lorraine (Bezirk Lothringen, correspondant à l’actuel département de la Moselle). Le département fait partie du nouvel État impérial allemand d’Alsace-Lorraine. En France, le mouvement revanchard se développe pour récupérer ce territoire.
L’administration impériale allemande découragea fortement la langue et la culture françaises au profit du haut allemand, qui devint la langue administrative (Geschäftssprache.) Elle exigea l’usage de l’allemand dans les écoles des régions qu’elle considérait ou désignait comme germanophones, une catégorisation souvent arbitraire. Le français ne pouvait rester en usage que dans les écoles primaires et secondaires des communes définitivement considérées comme francophones, telles que Château-Salins et l’arrondissement environnant, ainsi que dans leur administration locale.
Mais après 1877, l’enseignement supérieur, y compris les collèges, les universités et les séminaires d’enseignants gérés par l’État, se déroulait exclusivement en allemand. La prédominance de l’allemand et l’usage partiel du français, bien que restreint, étaient tous deux garantis par la constitution de 1911 de l’Alsace-Lorraine. Alors que de nombreux toponymes d’étymologie allemande en Lorraine ont été adaptés à la norme du haut allemand (c’est-à-dire germanisés), un certain nombre de toponymes francophones authentiques sont restés intacts. Cependant, pendant l’occupation nazie entre 1940 et 1944, le gouvernement a imposé des traductions allemandes arbitraires pour remplacer tous les noms français. Par exemple, Château-Salins a été appelé Salzburg in Lothringen.
Dans le traité de Versailles de 1919, l’ancien Empire allemand a subi de graves pertes territoriales, notamment la portion de territoire lorrain qui avait fait partie de son État d’Alsace-Lorraine. À l’exception de son annexion de facto par l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, cette région est depuis restée une partie de la France. Pendant cette guerre, la croix de Lorraine était un symbole de la France libre.
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