L’irrigation sinusale topique au budésonide à haut volume est-elle sûre ?
On janvier 6, 2022 by adminREVUE DE LA LITTERATURE
Bien que les stéroïdes puissent être associés à un ensemble d’effets secondaires, les études existantes sur le profil de sécurité de l’irrigation au budésonide à haut volume se sont concentrées sur les effets sur l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HPA) et/ou la pression intraoculaire (PIO).
Des études antérieures ont démontré que l’utilisation à court terme de l’irrigation au budésonide n’affecte pas significativement l’axe HPA ou la PIO. Dans une étude prospective menée en 2010 auprès de patients adultes atteints de SRC et présentant une polypose récurrente, Welch et al. ont surveillé le taux de cortisol sérique et le taux de cortisol urinaire sur 24 heures avant et après 6 semaines d’utilisation de budésonide topique 0,5 mg/2 mL de resp. par 240 mL de solution saline deux fois par jour. Les 10 patients qui ont terminé l’étude avaient déjà subi une chirurgie endoscopique des sinus (ESS) et n’avaient pas pris de corticostéroïdes par voie orale dans les 3 mois précédant l’étude. Les taux moyens de cortisol n’ont pas diminué après le traitement, avec des taux moyens de cortisol sérique de 9,8 ± 5,4 μg/dL au départ et de 12,8 ± 3,5 μg/dL après le traitement. De même, les taux de cortisol urinaire n’ont pas diminué après le traitement.1
Dans une étude rétrospective de 2008 portant sur des patients atteints de CRS avec polypose nasale (CRSwNP), Bhalla et al. ont évalué les taux de cortisol avant et après le traitement chez 18 patients, dont 16 avaient déjà subi une ESS, qui ont reçu au moins 8 semaines de traitement (allant de 8 à 23 semaines) avec du budésonide 0,5 mg par irrigations de 120 ml deux fois par jour. Ils n’ont trouvé aucune preuve de suppression de l’axe HPA après le traitement. Le sous-groupe de patients qui avaient poursuivi les irrigations au budésonide pendant plus de 8 semaines a également effectué le test de stimulation de l’hormone adrénocorticotrope (ACTH), plus sensible ; les résultats d’aucun patient n’ont suggéré une suppression de l’axe HPA.2
En 2013, Seiberling et al. ont étudié l’effet des irrigations au budésonide sur la PIO pour deux groupes de patients CRSwNP. Le premier groupe de 10 patients avait déjà reçu au moins un mois de traitement (durée moyenne de 6,3 mois, allant de 1 à 22 mois) avec du budésonide 0,25 mg par irrigation de 240 ml deux fois par jour. Le second groupe de huit patients n’avait pas encore commencé les irrigations au budésonide au moment de l’inscription à l’étude. Dans le premier groupe, les PIO étaient normales bilatéralement (≤21 mm Hg) au moment de l’inscription à l’étude chez neuf patients et élevées dans un œil d’un patient (22 mm Hg). Dans le second groupe, les PIO ont été mesurées avant et après au moins 4 semaines (durée moyenne de 5,89 semaines) du même régime d’irrigation au budésonide. Aucun patient du second groupe n’avait une PIO élevée à l’un ou l’autre des points temporels, et aucun n’avait un changement statistiquement significatif de la PIO.3
Récemment, deux études ont examiné des patients utilisant des rinçages de budésonide à haut volume pour des périodes de traitement plus longues. Smith et al. ont réalisé en 2016 une étude de cohorte transversale portant sur 35 patients SRC post-ESS (69 % présentant une polypose nasale) utilisant du budésonide à raison de 1 mg par 240 ml d’irrigations deux fois par jour pendant au moins 12 mois (durée moyenne de 38 mois, allant de 15 à 96 mois). Dix-huit de ces patients prenaient également des corticostéroïdes inhalés en même temps. Les taux moyens de cortisol de la cohorte (431,2 nmol/L) étaient dans les limites de la normale. Des tests supplémentaires de stimulation de l’ACTH ont été effectués chez les 19 patients dont le taux de cortisol était inférieur à 500 nmol/L et n’ont pas donné de résultats indiquant une suppression de l’axe HPA. Les auteurs ont conclu que l’irrigation au budésonide à long terme ne provoque pas de suppression détectable de l’axe HPA.4
En 2016, Soudry et al. ont étudié 48 patients SRC post-ESS qui avaient été traités par des irrigations au budésonide à long terme (6 à 66 mois, moyenne de 22 mois) à raison de 0,5 mg par 240 ml une ou deux fois par jour. Trente-deux des 48 patients utilisaient également d’autres formulations de stéroïdes topiques (c’est-à-dire des sprays nasaux, des inhalateurs pulmonaires, des gouttes ophtalmiques). La PIO a été testée chez 46 patients et était normale chez tous les patients testés. Les 48 patients ont effectué le test de stimulation de l’ACTH, et 11 patients ont présenté des taux de cortisol stimulé anormalement bas. Cependant, ces patients n’ont pas signalé de symptômes associés à la suppression de l’axe HPA. Quatre de ces patients ont répété le test après avoir interrompu l’irrigation au budésonide pendant 30 jours, et les taux de cortisol stimulé ont alors augmenté chez trois de ces patients. Le reste de ces patients a poursuivi le traitement au budésonide sous la supervision d’un endocrinologue sans qu’aucune complication ne soit signalée. Il convient de noter que l’utilisation simultanée de deux formulations supplémentaires de stéroïdes topiques (sprays nasaux et inhalateurs pulmonaires ensemble) a été associée à des taux de cortisol stimulé plus faibles5
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