Le jardin des chemins de bifurcation
On octobre 12, 2021 by adminL’histoire prend la forme d’une déclaration signée par un professeur d’anglais chinois nommé Docteur Yu Tsun, qui vit au Royaume-Uni pendant la Première Guerre mondiale. Tsun est un espion pour Abteilung IIIb, le service de renseignement militaire de l’Allemagne impériale.
Au début de l’histoire, le docteur Tsun a compris qu’un agent du MI5 appelé capitaine Richard Madden le poursuit, qu’il est entré dans l’appartement de son responsable, Viktor Runeberg, et qu’il l’a capturé ou tué. Le docteur Tsun est certain que sa propre arrestation est imminente. Il vient de découvrir l’emplacement d’un nouveau parc d’artillerie britannique et souhaite transmettre cette information à Berlin avant d’être capturé. Il trouve enfin un plan pour y parvenir.
Le docteur Tsun explique que son espionnage n’a jamais été pour le bien de l’Allemagne du Kaiser, qu’il considère comme « un pays barbare ». Au contraire, dit-il, il sait que le chef des renseignements allemands, le lieutenant-colonel Walter Nicolai, croit que le peuple chinois est racialement inférieur. Le docteur Tsun est donc déterminé à être plus intelligent que n’importe quel espion blanc et à obtenir les informations dont Nicolai a besoin pour sauver la vie des soldats allemands. Le docteur Tsun soupçonne le capitaine Madden, un catholique irlandais au service de l’Empire britannique, d’avoir les mêmes motivations.
Avec ses quelques possessions, le docteur Tsun monte dans un train à destination du village d’Ashgrove. Évitant de justesse le capitaine Madden qui le poursuit à la gare, il se rend chez le docteur Stephen Albert, un éminent sinologue. En montant la route qui mène à la maison du docteur Albert, le docteur Tsun pense à son grand ancêtre, Ts’ui Pên, un fonctionnaire érudit et célèbre qui a renoncé à son poste de gouverneur de la province du Yunnan pour entreprendre deux tâches : écrire un roman vaste et complexe et construire un labyrinthe tout aussi vaste et complexe « dans lequel tous les hommes se perdraient ». Ts’ui Pên a cependant été assassiné avant d’avoir pu terminer son roman, et a écrit « un fouillis contradictoire de brouillons irrésolus » qui n’avait aucun sens pour les lecteurs ultérieurs, et le labyrinthe n’a jamais été retrouvé.
Le docteur Tsun arrive chez le docteur Albert, qui est profondément excité de rencontrer un descendant de Ts’ui Pên. Le docteur Albert révèle qu’il s’est lui-même engagé dans une longue étude et une traduction anglaise du roman de Ts’ui Pên. Albert explique avec enthousiasme qu’il a résolu d’un seul coup les deux mystères : la nature chaotique et confuse du livre inachevé de Ts’ui Pên et le mystère de son labyrinthe perdu. La solution du docteur Albert est qu’ils sont identiques, et que le roman est le labyrinthe.
En basant son travail sur l’étrange légende selon laquelle Ts’ui Pên avait l’intention de construire un labyrinthe infini et sur une lettre cryptique de Ts’ui Pên lui-même déclarant : » Je laisse à plusieurs avenirs (pas à tous) mon jardin de chemins qui bifurquent « , le docteur Albert a réalisé que le » jardin de chemins qui bifurquent » était le roman et que la bifurcation a lieu dans le temps, plutôt que dans l’espace. Dans la plupart des fictions, un personnage choisit une alternative à chaque point de décision et élimine toutes les autres. Dans le roman de Ts’ui Pên, cependant, toutes les issues possibles d’un événement se produisent simultanément, et toutes conduisent elles-mêmes à une nouvelle prolifération de possibilités. Albert explique en outre que les chemins qui divergent constamment convergent parfois à nouveau, mais à la suite d’un autre enchaînement de causes. Par exemple, le docteur Albert dit que dans une ligne de temps possible, le docteur Tsun est venu chez lui en tant qu’ennemi mais que dans une autre, il vient en tant qu’ami.
Bien que tremblant de gratitude devant la révélation du docteur Albert et devant le génie de son ancêtre, le docteur Tsun jette un coup d’œil sur le chemin pour voir le capitaine Madden se précipiter vers la porte. Sachant que le temps presse, le Docteur Tsun demande à revoir la lettre de Ts’ui Pên. Alors que le docteur Albert se tourne pour la récupérer, le docteur Tsun sort un revolver et l’assassine de sang-froid.
Complétant son manuscrit alors qu’il attend la mort par pendaison, le docteur Tsun explique qu’il a été arrêté, reconnu coupable de meurtre au premier degré et condamné à mort. Cependant, il a « triomphé de la manière la plus odieuse » en révélant à Nicolaï l’emplacement du parc d’artillerie. En effet, le parc a été bombardé par l’aviation impériale allemande pendant le procès de Tsun. L’emplacement du parc d’artillerie se trouvait à Albert, près du champ de bataille de la Somme. Le docteur Tsun savait que le seul moyen de transmettre l’information à Berlin était d’assassiner une personne portant le même nom afin que la nouvelle du meurtre apparaisse dans les journaux britanniques, qui se sont liés au nom de sa victime.
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