L’art carolingien, une introduction
On décembre 30, 2021 by adminCharlemagne, roi des Francs puis empereur du Saint-Empire romain germanique, est à l’origine d’un renouveau culturel connu sous le nom de Renaissance carolingienne. Ce renouveau a pris pour modèle l’empire chrétien de Constantin, qui a prospéré entre 306 et 337. Constantin a été le premier empereur romain à se convertir au christianisme et a laissé derrière lui un héritage impressionnant de force militaire et de mécénat artistique.
Charlemagne se voyait comme le nouveau Constantin et a instigué ce renouveau en écrivant son Admonitio generalis (789) et son Epistola de litteris colendis (vers 794-797). Dans l’Admonitio generalis, Charlemagne légifère une réforme de l’église qui, selon lui, rendra ses sujets plus moraux et dans l’Epistola de litteris colendis, une lettre à l’abbé Baugulf de Fulda, il expose ses intentions en matière de réforme culturelle. Surtout, il invite les plus grands savants de toute l’Europe à venir à la cour et à donner des conseils pour son renouveau de la politique, de l’église, de l’art et de la littérature.
Odo de Metz, intérieur de la chapelle palatine, Aix-la-Chapelle, 805 (photo : Holly Hayes)
L’art carolingien survit dans les manuscrits, la sculpture, l’architecture et d’autres artefacts religieux produits au cours de la période 780-900. Ces artistes travaillaient exclusivement pour l’empereur, les membres de sa cour et les évêques et abbés associés à la cour. Géographiquement, le renouveau s’est étendu à la France, la Suisse, l’Allemagne et l’Autriche actuelles.
Charlemagne a chargé l’architecte Odo de Metz de construire un palais et une chapelle à Aix-la-Chapelle, en Allemagne. La chapelle a été consacrée en 805 et est connue sous le nom de chapelle palatine. Cet espace a servi de siège au pouvoir de Charlemagne et abrite encore aujourd’hui son trône.
La chapelle palatine est octogonale avec un dôme, rappelant la forme de San Vitale à Ravenne, en Italie (achevée en 548), mais a été construite avec des voûtes en berceau et des voûtes d’arêtes, qui sont des méthodes de construction typiquement romaines tardives. La chapelle est peut-être le meilleur exemple conservé de l’architecture carolingienne et a probablement influencé la conception des chapelles de palais européens ultérieurs.
Charlemagne avait son propre scriptorium, ou centre de copie et d’enluminure de manuscrits, à Aix-la-Chapelle. Sous la direction d’Alcuin d’York, ce scriptorium a produit une nouvelle écriture connue sous le nom de minuscule carolingien. Avant ce développement, les styles d’écriture ou scripts en Europe étaient localisés et difficiles à lire. Un livre écrit dans une partie de l’Europe ne pouvait être lu facilement dans une autre, même si le scribe et le lecteur parlaient couramment le latin. La connaissance du minuscule carolingien, diffusée depuis Aix-la-Chapelle, a été universellement adoptée, permettant une communication écrite plus claire au sein de l’empire de Charlemagne. Le minuscule carolingien a été l’écriture la plus utilisée en Europe pendant environ 400 ans.
L’art figuratif de cette période est facile à reconnaître. Contrairement au travail plat et bidimensionnel des artistes paléochrétiens et byzantins, les artistes carolingiens ont cherché à restaurer la troisième dimension. Ils ont utilisé des dessins classiques comme modèles et ont essayé de créer des illusions d’espace plus convaincantes.
St. Marc du Lectionnaire de l’Évangile de Godescalc, folio 1v., vers 781-83
Cette évolution est évidente en traçant les portraits d’auteurs dans les manuscrits enluminés. Le Lectionnaire de l’Évangile de Godescalc, commandé par Charlemagne et son épouse Hildegard, a été réalisé vers 781-83 pendant son règne en tant que roi des Francs et avant le début de la Renaissance carolingienne. Dans le portrait de saint Marc, l’artiste utilise des conventions artistiques typiquement byzantines. Le visage est fortement modelé en brun, les plis de la draperie tombent en motifs stylisés et il y a peu ou pas d’ombres. La position assise de l’évangéliste serait difficile à reproduire dans la réalité, car il y a des incohérences spatiales. La jambe gauche est représentée de profil et l’autre jambe est montrée de face. Ce portrait d’auteur est typique de son époque.
Les évangiles d’Ebbo ont été réalisés vers 816-35 dans l’abbaye bénédictine d’Hautvillers pour Ebbo, archevêque de Reims. Le portrait de saint Marc par l’auteur est caractéristique de l’art carolingien et de la Renaissance carolingienne. L’artiste a utilisé des lignes frénétiques distinctives pour créer l’illusion de la forme et de la position du corps de l’évangéliste. Le pouf est assis à un angle maladroit et irréaliste, mais l’artiste a tenté à plusieurs reprises de montrer le corps comme un objet tridimensionnel dans l’espace. La jambe droite est repliée sous la chaise et l’artiste tente de montrer à son spectateur, par l’utilisation de lignes courbes et d’ombres, que la jambe a une forme. Il y a des ombres et une cohérence dans la perspective. L’évangéliste assis sur la chaise prend une pose crédible.
St. Marc des Évangiles d’Ebbo, folio 18v., vers 816-35
Charlemagne, comme Constantin avant lui, a laissé derrière lui un héritage presque mythique. La Renaissance carolingienne a marqué le dernier grand effort de renaissance de la culture classique avant le bas Moyen Âge. L’empire de Charlemagne a été dirigé par ses successeurs jusqu’à la fin du IXe siècle. Au début du dixième siècle, les Ottoniens montent au pouvoir et épousent des idéaux artistiques différents.
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