Cornelia (vers 100-68 avant notre ère)
On octobre 8, 2021 by adminNoble romaine et épouse de l’empereur Jules César. Née vers 100 av. J.-C. ; morte en 68 av. J.-C. ; fille de Lucius Cornelius Cinna ; épouse Gaius Jules César (v. 100-44 av. J.-C.), empereur romain, en 84 av. J.-C. ; enfants : fille Julia (d. 54 av. J.-C.).
Cornélie était la fille du patricien Lucius Cornelius Cinna, qui, malgré son ancienne famille, était un libéral selon les normes du 1er siècle av. J.-C.. Entre les années 87 et 84, Cinna a été élu à un nombre impressionnant de consulats, bien qu’il n’ait pas été universellement populaire, car ces années de guerre civile romaine opposaient les populares libéraux aux « Optimates » conservateurs. À la tête des Optimates se trouvait le brillant mais impitoyable Lucius Cornelius Sulla, tandis que Cinna et son collègue encore plus illustre, Gaius Marius, défendirent la faction des populares jusqu’à leur mort : Cinna a été victime d’une mutinerie militaire et Marius est mort de vieillesse. Privée d’un leadership aussi talentueux, la cause populares vacilla et finit par tomber devant Sulla qui, par la suite, fit de son mieux (sans succès, comme il s’avéra) pour empêcher sa résurrection.
Avant la mort de son père et l’ascension de Sulla, Cornelia était destinée à lier les intérêts politiques de Cinna à ceux d’un allié politique prometteur dans une atmosphère politique très chargée. Le partenaire idéal pour Cornelia s’avéra être le bientôt célèbre Gaius Jules César, car il possédait deux qualités particulièrement attrayantes au moment de leur union. D’abord, comme Cornelia, il était patricien ; ensuite, la famille de César était intimement liée à la faction populaire depuis que Marius, le collègue de Cinna, avait épousé la grand-tante de César, Julia (m. 68 av. J.-C.). Ensemble, les mariages de Marius avec Julia et de Cornélie avec César (en 84) ont contribué à réhabiliter les fortunes politiques de la branche de l’ancienne famille de César, car, malgré la longue histoire de la famille, aucun des ancêtres immédiats de César ne s’était distingué.
La religion aussi bien que la politique ont joué un rôle dans le rapprochement de Cornélie et de César. Les Romains polythéistes croyaient que leurs dieux exigeaient d’être honorés avant que toute affaire importante – publique ou privée – puisse être traitée. À Rome, il existait de nombreux sacerdoces importants (avec des compétences et des responsabilités variables) qui jouaient un rôle important dans le fonctionnement de l’État, et chacun d’entre eux était très convoité en raison du statut élevé qu’un sacerdoce conférait à son titulaire. Les plus anciens de ces offices religieux étaient réservés aux patriciens mariés à des patriciens, car cette classe avait autrefois conservé le monopole de toute l’autorité politique et religieuse romaine. Au Ier siècle, cependant, le nombre de familles patriciennes éminentes avait diminué de façon précipitée. Ainsi, lorsque le poste de flamen Dialis (un ancien sacerdoce, imprégné de tabous rituels mais néanmoins prestigieux) fut ouvert en 84 et que César devint le principal candidat à cette fonction, il devint nécessaire de lui procurer une épouse patricienne. Cornelia était un choix parfait, politiquement opportun et de la bonne strate sociale pour la promotion politico-religieuse de César. Bien que leur mariage ait été arrangé, il semble qu’il ait plu aux deux mandants – en particulier à César, car il traversa des périodes orageuses au nom de Cornelia.
La victoire de Sulla sur les restes de la faction des populares survint à la fin de 82, date à laquelle il interdit pour des raisons politiques à César d’accomplir les cérémonies nécessaires pour établir le jeune homme comme flamen Dialis. Ainsi, César n’a jamais détenu ce sacerdoce. Ironiquement, cependant, le fait que César ait entamé le processus par lequel le flamen Dialis était rendu éligible pour assumer ses fonctions lui a probablement sauvé la vie, car une aura religieuse était perçue comme entourant de tels candidats. Bien que Sulla ait eu raison de César en ce qui concerne ce sacerdoce, il n’a pas réussi à obtenir que César divorce de Cornelia. Tenant tête au dictateur, César insiste sur le fait qu’il n’a pas l’intention de se séparer de sa femme. Un tel défi, à une époque où Sulla était l’autorité politique à Rome, mettait tellement en danger la vie de César qu’il se cacha dans le territoire voisin des Sabins. Traqué par une patrouille de Sulla, César n’a pu fuir l’Italie (en se rendant en Anatolie) qu’en achetant son officier avec un pot-de-vin important. Malgré tout, Sulla se vengea un tant soit peu de l’audace de César en saisissant la dot de mariage de Cornelia et en mettant fin à toutes ses prétentions sur le domaine familial – une perte financière considérable pour Cornelia et César. Néanmoins, la fidélité de César a eu un gain politique, car les restes de la faction populaire se sont souvenus de sa bravoure et de sa loyauté envers sa femme et, par conséquent, se rallieront plus tard à son leadership.
Bien que l’on sache peu de choses sur leur relation intime, Cornelia est restée très importante pour César tout au long de sa carrière politique précoce, car elle a lié la fortune de son mari à la faction politique de son père. Le mariage a donné naissance à une fille nommée Julia (d. 54 av. J.-C.) et, comme aucune animosité connue n’a divisé le couple, il est probable que l’union était sympathique pour les deux parties.
En 68, l’année qui suit l’obtention de sa première fonction élective, la grand-tante de César, Julia, meurt. Utilisant ses funérailles de manière politique pour renforcer ses prétentions à la loyauté des populares restants, César prononça un célèbre éloge funèbre. Peu après, Cornelia meurt également à un jeune âge. Bien qu’il soit inhabituel de faire des funérailles d’une si jeune femme un événement, César rompt néanmoins avec la tradition pour présenter une autre oraison publique. Dans la plupart des cas, les Romains n’appréciaient pas une telle innovation, mais l’éloge de Cornelia, prononcé avec émotion par César, a suscité l’admiration de son auditoire. Par conséquent, les vertus attribuées à Cornelia ont largement circulé après sa mort parmi un public respectueux, lui valant ainsi d’être associée dans la mort aux héroïnes les plus célèbres du passé romain.
William S. Greenwalt , professeur associé d’histoire classique, Université Santa Clara, Santa Clara, Californie
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